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COMMUNAUTË
ËCONOMIQUE EUROPËENNE EUROPAISCHE
WIRTSCHAFTSGEMEINSCHAFT COMUNITÀ
ECONOMICA EUROPEA EURO PESE
ECONOMISCHE GEMEENSCHAP
L'aide
alimentaire
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Problèmes posés
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COLLECTION trUDES
~~RIE AGRICULTURE n° 14
BRUXELLES 1963
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Avant-propos
INTRODUCTION
RÉSUMÉ ET RECOMMANDATIONS
I. Exposé du problème et points de départ
II. Résultats des études régionales
SOMMAIRE
III. Problèmes et limites de l'utilisation des excédents en vue de remédier à la pénurie de produits alimentaires
IV. Utilisation des excédents comme aide au développement
RAPPORT GÉNÉRAL
.CHAPITRE I : LES BESOINS DE DENRÉES ALIMENTAIRES DANS LES PAYS
EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
§ 1. Le problème de l'alimentation dans les pays en voie de développement
- Caractère saisonnier et régional de la sous--alimentation
-Groupes sociaux et modes traditionnels d'alimentation -Conséquences de l'urbanisation
§?.Alimentation et développement économique
-Une meilleure alimentation ne suffit pas à entraîner un accroissement de la production
-Alignement des niveaux alimentaires de différents groupes de population
- Situation spéciale des groupes vulnérables
-Le développement de l'agriculture· nationale
1 § 3. Évaluation de la situation
A. Sources
B. Méthodes de mesure
-Grandes divergences entre les estimations
- Les calories végétales
§ 4. Le déficit alimentaire dans les pays faisant l'objet de la présente étude
-Valeur limitée des calculs A. Rapports principaux
- Afrique du Nord
-Libye
-Afrique occidentale et centrale -Somalie
-Éthiopie -Turquie -Inde
B.
Rapports complémentaires- Amérique latine
- Tanganyika
- Afghanistan
- Arabie!Séoudite
C. Considérations finales
§ 5. La situation dans les autres pays en voie de développement
§ 6. Le choix des produits à fournir
- Les céréales et les légumes secs
-Le sucre
-Les produits animaux
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CHAPITRE II : FOURNITURE DE PRODUITS AGRICOLES AUX PAYS ET .tERRITOIRES EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
§ 1. Nécessité d'un écoulement des produits agricoles excédentaires sous des formes spécifiques
- Qu'entend-on par excédents?
- La situation de la C.E.E.
§ 2. Utilisation des excédents comme aide aux pays en voie de développement
-Utilisation des excédents et expansion économique -Utilisation des excédents comme aide en capital
§ 3. Utilisation des excédents uniquement comme aide supplémentaire en capital
- L'utilisation productive de la main-d' œuvre
'-La priorité de l'aide en capital
§· 4. Utilisation des excédents pour la seule consommation d'appoint
-Difficulté de prévoir l'accroissement de la demande
§ 5. La distribution des produits excédentaires dans le pays bénéficiaire
- Répartition par des institutions spéciales
§ 6. Utilisation des excédents et commerce international
- L'utilisation des excédents comme forme de dumping .
-Nouvelles tendances du commerce international des denrées alimentaires
- Modification de la répartition du marché par l'utilisation des excédents
-Utilisation des excédents permettant l'exportation d'autres produits et d'autres qualités par les pays bénéficiaires
- Nécessité de conclure des accords internationaux
§ 7. Expérience acquise en matière d'utilisation des excédents
~Position adoptée jusqu'à présent yar la F.A.O.
-L'écoulement des excédents des Etats-Unis .
-Répercussions de la politique des subventions
.;.--Perspectives d'évolution des exportations agricoles des États-Unis
-Coût de l'écoulement des excédents- Un essai d'estimation sous forme de modèle
CONCLUSIONS À TIRER POUR UN PROGRAMME D'UTILISATION
ANNEXES
I. Études régionales principales
1. Afrique du Nord
2. Libye
3. Afrique occidentale et centrale
4. Somalie
5. Éthiopie
6. Turquie
7. Indes
Il. Études régionales supplémentaires
8. Tanganyika
9. Afghanistan
1 O. Arabie Séoudite
11. Amérique latine
III.
Autres annexes12. Éléments d'un système d'évaluation des possibilités d'utilisation
_ des excédents agricoles dans les pays en voie de développement
13. Organisation de l'utilisation des excédents agricoles aux États-Unis
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La présente étude a été effectuée par un groupe d'experts à la demande de la direction générale de l'agriculttJ.re de la Communauté économique européenne et avec la participation de la division <<bilans, études et
information>>, H. B. Krohn et
J.
M.J.
Lommez. La direction des affairesgénérales de la direction générale de l'agriculture, la direction générale des reléi.tions extérieures et la direction générale du développement de l'outre-mer ont assisté aux travaux. Le groupe d'étude était constitué par:
Le professeur M. Cépède, Institut national agronomique, Paris.
Le professeur A. Maugini, Institut agronomique pour l'outre-mer, Florence.
Le professeur H. Wilbrandt, Institut pour l'agriculture étrangère, de l'univer-sité technique, Berlin.
Le Dr A. Kruse-Rodenacker, Université technique, Berlin, a été chargé du rapport.
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AVANT-PROPOS
Le problème de la coopération avec les pays en voie de développement retient, depuis plusieurs années, l'attention toujours croissante aussi bien de la part des pays en voie de développement que de la part des pays industrialisés qui peuvent prêter leur concours.
Le concours qui prend la forme de livraison de produits agricoles et alimentaires joue dans ce cadre un rôle non négligeable, et les questions qui se rapportent à cette forme présentent de multiples aspects. Plusieurs de ces aspects sont liés d'une façon ou d'une
autre à des décisions qui doivent intervenir dans le
cadre de la Communauté économique européenne, et p]us particulièrement celles qui intéressent le domaine de la politique agricole commune.
En rapport avec les mesures qu'on est amené à prendre en matière de politique de production et de prix
agricoles, il y a lieu de faire preuve d'une grande
prudence afin d'éviter la formation d'excédents
struc-turels des produits agricoles dan~ la Communauté.
Cependant, l'idée a été avancée que certàins excédents de produits agricoles et alimentaires de la C.E.E.
trouveront des possibilités d'écoulement dans les pays en voie de développement et sous-alimentés.
Dans ce contexte, il est devenu indispensable de disposer de données objectives pour évaluer des possibilités réelles d'écoulement des produits agricoles sous forme d'aide, compte tenu des différents aspects de ces problèmes, d'en connaître les limites et de disposer de tous les éléments nécessaires pour replacer cette forme d'aide spécifique dans son contexte· général d'aide au développement économique des pays intéressés.
Pour cette raiso;n, la Commission a demandé à un groupe d'experts de soumettre à un examen approfondi
le~ possibilités et les problèmes d'une aide sous forme
-de produits agricoles ou alimentaires dans le cadre de l'aide générale au développement qui _peut être accordée à ces pays et compte tenu notamment, des intérêts propres des pays bénéficiaires.
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INTRODUCTION
Le présent rapport a pour but d'étudier les possibilités d'élargissement des débouchés offerts aux produits
1 agricoles de la C.E.E. Sont considérés à cette fin
comme pays destinataires les pays et territoires associés de la C.E.E. ainsi que les autres pays en voie de développement. Les pays appartenant au bloc soviétique n'entrent pas dans le cadre de la présente étude, bien qu'ils puissent constituer également des débouchés éventuels.
Le problème mondial des débouchés offerts aux
produits agricoles prendra à l'avenir pour la C.E.E. également une importance croissante. Les auteurs du rapport sont partis du principe qu'il ne faut guère ' s'attendre dans les prochaines années à un
élargis-sement des débouchés commerciaux offerts aux produits agricoles dans les pays associés et autres pays sous-développés, ce qui a été confirmé dans les études par pays.
C'est pourquoi les possibilités de débouchés non ·commerciaux pour les produits agricoles présentent un intérêt majeur, d'autant plus que daps le cadre de la C.E.E. on commence à enregistrer la formation .d'excédents agricoles pour lesquels une utilisation
non. commerciale pourrait être envisagée.
1
Le rapport se limite aux produits suivants : céréales,
·produits laitiers, viande {viande bovine) et sucre. D'autres produits ont également été pris
occasion-.nellement en considération, le vin par exemple.
Les études régionales concernent les pays et territoires · suivants : Maghreb, Libye, Afrique occidentale et
centrale, Somalie, Éthiopie~ Turquie et Inde. Outre ces
études, des études complémentaires traitent sous une forme condensée de quelques aspects des problèmes
posés.
, Ces études concernent le Tanganyika, l'Afghanistan, · l',Arabie, Séoudite et l'Amérique latine.
Dbs ,ce rapport et les études annexées, les pays ont
été. étudiés sous le plus d'aspects possible. Il a été
tenu compte des facteurs climatiques, ethniques et socio-économiques les plus divers.
Les études concernant l'Afghanistan et l'Inde comportent une analyse de la situation au Moyen et en Extrême-Orient. En outre, une étude est consacrée à l'Amérique latine, du seul point de vue, toutefois, des débouchés offerts au lait en poudre.
Il semble que les pays étudiés soient, dans une certaine mesure, représentatifs de la situation très particulière des différents pays et territoires associés à la C.E.E. ainsi que des autres pays en voie de développement.
Ils possèdent l'essentiel des ca~actéristiques
impor-tantes de ces pays et territoires. Leur population
s'élève au total à 790 millions d'âmes environ. Si
l'on évalue la population de l'ensemble des pays en.
voie de développement (à l'exclusion de ceux
appar-tenant au bloc soviétique) à environ 1,3 milliard, la
population de ces pays représente environ 60% de la
population globale des pays en voie de développement.
Les études portent sur la situation actuelle de ces pays et ont été effectuées sur la base des résultats les plus récents de la documentation en matière de
statistique et de sciences sociales - dans la mesure
où ils sont déjà disponibles. Les auteurs des rapports par pays se sont en outre efforcés d'établir des
prévisions concernant le déficit alimentaire en 1975.
Les études régionales sont jointes en annexe. Dans le rapport général le problème traité est celui des besoins de produits alimentaires et de leur importance pour le développement économique. Ce rapport indique brièvement l'ordre de grandeur quantitatif du déficit alimentaire, tel qu'il a été calculé dans les études régionales. Il est ensuite consacré à l'étude, sous ses aspects généraux, du problème des débouchés offerts aux produits agricoles dans les pays en voie de développement.
Le rapport général est précédé d'un résumé ainsi que des recommandations qui s'en dégagent.
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RÉSUMÉ ET RECOMMANDATIONS
1. EXPOSÉ DU PROBLÈME ET POINTS DE DÉPART
1. Il y a lieu d'envisager, dans la C.E.E., les
possibilités de la formation d'excédents structurels de produits agricoles non commercialement utilisables sur place. Par aill<;!urs, la faim et la sous-alimentation règnent dans de nombreux pays en voie de dévelop-pement. Une solution consistant à compenser ou atténuer la pénurie observée d'un côté grâce aux surplus constatés ailleurs, semble s'imposer tout naturellement à l'esprit.
Il y a déjà plusieurs années que, dans les États-Unis, de tels excédents structurels se sont produits et que
l'on est forcé d~ les utiliser. L'aide américaine au
développement est caractérisée principalement par la contrainte d'utiliser des excédents agricoles. Par contre, dans la C.E.E., il existe un certain degré' de liberté eu égard aux mesures de politique agricole, soit d'encourager, soit d'empêcher la production -d'excédents agricoles. C'est pourquoi il faut déjà étudier à l'heure actuelle si et de quelle façon, dans quelle mesure, sous quelles conditions, avec quelle utilité et à quels coûts les excédents agricoles peuvent . être utilisés dans les pays en voie de développement.
/ 2. Pénurie de denrées alimentaires n'est pas
synonyme de demande. L'égalisation entre marchés surabondants et marchés déficitaires n'est pas auto-matique. L'exportation vers les pays en voie de développement de produits agricoles en provenance de pays à monnaie faible augmente. Les possibilités et les perspectives d'un élargissement des exportations commerciales en provenance de zones à monnaie forte, de la C.E.E. par exemple, vers les pays en voie de développement sont limitées même si des primes à l'exportation sont accordées en vue d'abaisser les prix ·nationaux trop élevés au niveau du marché mondial. Un petit nombre seulement de pays dont les besoins en produits d'importation sont relative-ment faibles et qui disposent de devises suffisantes grâce à l'exportation de pétrole, de produits minéraux, de produits agricoles spéciaux, etc. peuvent se permettre de telles importations et sont à même de les payer.
3. Dans un nombre assez grand de pays en voie
de développement, surtout ceux qui sont très peuplés et où les besoins croissants ne sont pas encore couverts par la production nationâle, ceux-ci ne pourront être
satisfaits dans un avenir prochain - pour autant
qu'ils puissent l'être- que par une utilisation·pzanifiée
des excédents. Celle-ci est caractérisée par une utilisation
pour des objectifs déterminés - que les méthodes
commerciales ne permettent pas de réaliser- favorisée par des conditions avantageuses : financement à long terme, éventuellement à un taux d'intérêt réduit, remboursable non seulement en devises mais encore dans la monnaie même du pays de destination, ou même remise des excédents à titre de don. La présentè étude concerne toutes les mesures spécifiques destinées / à trouver des utilisations pour les excédents.
L'écoulement des excédents peut en premier lieu contribuer à atténuer d'éventuelles tensions sur le marché intérieur de la C.E.E. Dans ce cas, son opportunité, sa nécessité et la charge qu'elle entraîne doivent être appréciées selon des critères correspon-dants. Si le but est de satisfaire des besoins urgents de l'aide au développement, l'utilisation des excéaents doit être jugée de ce dernier point de vue. Nous nous plaçons dans l'hypothèse où la C.E.E. n'envisage l'utilisation d'excédents dans les pays en voie de développement que dans les cas où celle-ci constitue le moyen le plus efficace pour éliminer la pénurie tout en méritant simultanément une priorité dans le cadre de l'aide globale au développement.
Avant que l'existence d'excédents ne crée une situation de fait susceptible d'exiger des mesures coûteuses
de valorisation à tout prix - si on se refuse à en
effectuer la destruction - il convient d'étudier pour
quels produits et quantités et à quelles conditions s'offrent des possibilités d'utilisation.
Il peut sembler logique, de prime abord, de n'envisager l'utilisation planifiée des excédents dans les pays en voie de développement que pour couvrir des besoins additionnels nouveaux c'est-à-dire ceux qui dépassent les importations commerciales actuelles. Un examen plus approfondi montre que ce critère simple n'est pas toujours réaliste et justifié.
Lorsque leur économie commence à se développer, les besoins d'importation des pays en progression augmentent dans le secteur des produits industriels. La balance commerciale devient déficitaire, ou si elle l'est déjà, se détériore davantage. L'ordre des priorités à l'importation se modifie. La propension à importer des produits agricoles sur une base commerciale s'en trouve affectée. Inversement, l'accroissement rapide de _la population augmente le besoin de denrées alimentaires. C'est pourquoi les <(besoins nouveaux
additionnels >> ne se dégagent pas purement et
simple-ment des statistiques des importations.
4. Les besoins et déficits en denrées alimentaires
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pour évaluer la sous-alimentation ont ceci en commun
1 qu'elles considèrent comme norme minima une certaine
quantité de glucides (exprimée en calories) et une certaine quantité de protéines (exprimée en grammes
de protéines). La distinction entre protéines d'origine
animale et protéines d'origine végétale est essentielle. Si les auteurs s'accordent en général sur les besoins minima en calories par jour et par personne de
2 300 à 2 500 calories définitives, il n'en est pas de
même en matière de protéines et surtout de la part à fournir par les produits animaux. Le F.A.S. (Foreign Agricultural Service) a utilisé les normes les plus basses
(65 g de protéines totales dont au moins 7 g d'origine
animale et 17 g composés de légumineuses et d'aliments
d'origine animale). Les auteurs européens s'accordent sur des limites plus élevées en ce qui concerne les
besoins minima en protéines d'origine animale {1).
Dans les pays riches, la ration alimentaire contient
au moins 3 000 calories et 70 g de protéines,
principale-ment d'origine animale. Dans les pays pauvres, la ration de calories, la ration totale en protéine et le pourcentage des protéines animales se trouvent en deçà de la norme minimum.
Toutefois, ces cpiffres ne caractérisent pas encore la distinction entre alimentation pauvre et alimentation riche. Le calcul suivant le montre. Les plantes fourragères constituent la base des produits d'origine
animale. En moyenne brute environ 7 unités végétales
sont nécessaires pour produire une unité animale. Une alimentation riche en nourriture d'origine animale
de. 3 000 calories définitives par jour et par personne
contient 10 000 à 12 000 calories primaires, soit un
peu plus de 1 000 kg d'équivalents céréales par an.
C'est là le quadruple ou le quintuple d'une alimentation
pauvre de 2 000 calories composée principalement de
céréales ou de plantes à tubercules. Mais le multipli-cateur est encore plus élevé lorsqu'il s'agit des coûts de production d'une alimentation riche. L'alimentation la plus simple, répondant à la norme ci-dessus, contient
quelque 3 000 calories primaires. Mais elle coûte
normalement si déjà achetée environ le double ou davantage d'une alimentation purement végétarienne
et non équilibrée de 2 000 calories. En partant des
besoins alimentaires - ou du déficit - par personne
(les problèmes particuliers étant écartés) et du chiffre de la population, il est possible de calculer des chiffres globaux pour les différents pays en voie de dévelop-pement ou pour l'ensemble de ces pays.
11. RÉSULTATS DES ÉTUDES RÉGIONALES
5. Les études régionales, jointes en annexe, ont
montré de grandes différences entre le niveau alimen-taire des différents pays. Ces études qui ne sont données qu'à titre d'exemple et partent de normes non homogènes; constituent un échantillon suffisamment
? '1 _, ' ···)'
-étendu pOUf comPr-endre les problèmes de l'ensemble·
des' pays en voie de développement et pour donner.
unies à d'autres études, une idée approximative
de la situation alimentaire dans ces pays. En· confrontant les besoins physiologiques et l'alimentation
réelle, il est possible de constater, malgré l'insuffisance
des statistiques, qu'il existe des déficits importants en matière de céréales, de sucre, de viande et d'autres aliments. Le déficit en calories et encore plus. fré-quemment en protéines, une alimentation déséquilibrée ou déficiente des masses ·ou de certaines couches sociales, pendant toute l'année ou pendant certaines
. périodes, dans tout le pays ou da~J,s certaines régions;
caractérisent la situation. Elle se trouve aggravée
après de mauvaises récoltes. Des troubles divers en sont la conséquence. Ils sont particulièrement graves pour les «groupes vulnérables» de la population, lorsque le minimum de protéines d'origine animale n'est pas atteint.
6. L'accroissement rapide de la population ~u
cours des dernières décennies, dû à l'amélioration des soins de santé et de l'hygiène, a aggravé les difficultés en matière d'alimentation. L'agriculture, généralement traditionnelle et primitive, se trouve fréquemment·
dans l'impossibilité de faire face à
une
augmentatio.naussi rapide des besoins. ·
II convient de tenir compte de l'augmentation d'abord plus rapide des besoins alimentaires que des facultés de production au cours de la première phase d'un développement («phase négative», voir rapport général).
7. Jusqu•ici, les importations et l'écoulement
d'excédents ont contribué relativement peu à couvrir l'augmentation effective de la consommation, qui porte surtout sur des aliments simples d'origine végétale. En Inde, par exemple, où la population est
actuelle-ment de 438 millions d'habitants, les 20 millions de
tonnes de céréales destinées à l'alimentation humaine
qui ont été consommées en plus en 1 958/59 par
rapport à 1950 /5 J proviennent pour 97
°/o
del'accroissement de la production . intérieure et
seulement pour
3%
des importations. Le total annueldes importations de céréales dans les pays en voie
de développement est monté de 14, 1 millions de tonnes
en 1948-1952 à 19,5 millions de tonnes en 1958. La
part de l'utilisation des excédents en provenance des États-Unis dans cette fourniture globale a .
augmenté de 25 à 44
%·
8. En comparant la consommation effective et les
besoins alimentaires tels qu'ils résultent des normes minima, on constate l'ampleur du déficit. Parmi les
enquêtes particulière$, celle consacrée à l'Inde, peut
apparattre pour la période actuelle, d'après des études effectuées aux État_s-Unis, par rapport aux nonnes
(1) Voir annexes.
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F.A.S.,
un déficit par personne et par jour de250 calories· et de 8 g de protéines totales· dont 1 g de
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· protéines d'origine animale (1). Ce déficit de 9 à 15%
parr rapport à la norme, correspond à environ
· 11 millions de tonnes de blé et 440 000 tonnes de lait
écrémé en poudre. Le déficit global des pays en voie
de développement, calculé sur cette base, est évalué
pour
1962 à 45 millions de tonnes de céréales et delégv.mineuses et 1,8 million de tonnes de lait écrémé
en poudre.
'9. Le Nutrition Advisory Committee (N.A.C.)
indien (1) a fixé des objectifs en matière d'alimentation
qui prévoient entre autres, une consommation de viande par personne dix fois plus élevée que la consommation actuelle et une consommation de lait cinq fois plus élevée. La production agricole nécessaire
pour couvrir cette consommation se traduirait à l'heure
actuelle par des besoins additionnels en produits
fourragers de l'ordre de 80 mlllions de tonnes
d'équivalent céréales.
On obtient des chiffres fantastiques pour les besoins alimentaires lorsqu'on calcule, sur la base des normes dela N.A.C., la consommation de la population prévue
pour 1976. Ainsi, de· 64,2 millions d'unités d'équivalent
céréales en 1958 /59, les besoins pour la .
consom-m~tion humaine directe et pour J'alimentation du
· ·- bétail, en passant à 182 millions, ou même à
267 millions d'après un autre calcul, doubleraient
()U tripleraient. On obtiendrait des ordres de grandeur
semblables dans les autres pays si on relevait le niveau . de l'alimentation des consommateurs prévus dans 15 ans au taux prévu par des normes qui se rapprochent de l'alimentation dans les pays riches.
Une généralisation de ces calculs à l'ensemble des
pays en voie de développement donnerait pour 1975
·dès
chiffres qui sembleraient astronomiques. Elle ; ferait apparaitre l'énorme écart entre une alimentation primitive et une alimentation riche; toutefois, nousne procéderons pas, ici, à cette généralisation. '
1-0.. De telles évaluations des besoins physiologiques
indiquent des objectifs éloignés. Il convient cependant de recherchet si elles peuvent constituer une base réaliste pour une utilisation planifiée des excédents.
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y a lieu d'examiner les besoins effectifs à prévoir,'la contribution de la production intérieure et Je solde pour lequel une couverture au moyen des excédents d'autres pays- en l'occurrence de la C.E.E.- pourra ou devra être envisagée. Une réponse réaliste ne pourra être trouvée que si les prévisions établies en fonction
•. •1 ·de normes physiologiques sont complétées par d'autres
considérations plu~ générales. Il faut tenir compte
également des obstacles qui se présenteront sur le plan technique, administratif, économique, etc.
Le déficit alimentaire sert seulement comme une
des bases pour l'~xamen des possibilités d'une
utilisation de produits : agricoles. En général, il est
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beaucoup plus considérable q~e
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demande solvable.Cette deririère ne s'accroit qu'avec l'augmentation du revenu national et le développement du secteur monétaire de l'économie et du pouvoir d'achat.
III. PROBLÈMES ET LIMITES
DE L'UTILISATION DES EXCÉDENTS EN VUE DE REMÉDIER. À LA PÉ}l"(/RIE
DE PRODUITS ALIMENTAIRES
n.
Pour une utilisation des excédents dans lespays en voie de développement qui soit pratique·
ment réalisable, il faut disti~guer plusieurs objectifs
principaux :
- fourniture régulière de nourriture complémentaire
à des groupes de consommateurs sous-alimentés,
-amélioration de l'alimentation des groupes
vulnérables,
- aide en cas de catastrophes,
- encouragement des réformes agraires, au sens le'
plus large du terme,
- constitution de réserves.
12. L'amélioration souhaitée de l'alimentation de
toutes les personnes sous-alimentées, de mànière telle que leur nourriture réponde à des normes déterminées, se heurte à diverses limites dont seules les principales peuvent être mentionnées ici.
13. La fourniture d'aliments gratuits à toute
personne sous-alimentée en vue de compléter son alimentation déficitaire bouleverserait les principes fondamentaux de l'évolution sociale et économique, à savoir la volonté créatrice individuelle, la respon-sabilité personnelle, l'effort personnel, la prestation
fournie, les droits qui en découlent et la con~repàrtie
reçue. Toute initiative personnelle en vue d'améliorer les conditions d'existence se trouverait paralysée. Il en résulte que l'utilisation régulière des excédents doit rester limitée aux groupes de population qui sont disposés à payer ce supplément de nourriture, à travailler ou· à devenir utiles au développement pour l'obtenir.
14. C'est ainsi que la population agricole qui
pourvoit elle-même à sa nourriture ne peut bénéficier , de l'utilisation des excédents. L'achat à l'extérieur d' alin{ents susceptibles d'être produits directement est incompatible avec le principe même des exploitations agricoles produisant exclusivement ou principalement pour couvrir leurs propres besoins.
15. Les régions très éloignées des ports et des moyens
de communications intérieurs ainsi que des centres
(1) Voir World Food Deficit, FAS-USDA Ig6I, p. 23.
( 1) Voir tableau V, rapport sur l'I~de.
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éventuels de distribution et les populations qui y vivent sont généralement exclues de cette fourniture régulière de nourriture complémentaire. Les produits excédentaires étrangers ne peuvent y parvenir qu'à des prix très élevés.
16. Dans- la plupart des pays en voie de
dévelop-pement, la demande d'excédents à prendre en ligne de compte se trouve ramenée, du fait de ces limitations,
à la demande de quelque 20
%,
et parfois moins, dela population totale. Moins de 10
°/
0 de la populationvit dans les ports et moins de 20% dans les centres
à proximité des côtes. Rarement la proportion de la
population non agricole dépasse 20% de la population
totale. Il est possible que, d'ici 1975, ces pourcentages
augmentent quelque peu, mais ils ne changeront pas de manière fondamentale.
17. L'accroissement de la population a souvent
pour conséquence d'accroître l'autoconsommation des ménages d'agriculteurs. Là où la production n'augmente pas en conséquence, il en résulte (par exemple en Turquie) une diminution des quantités de produits agricoles disponibles pour la vente. L'approvisionnement de la population non agricole croissante devient plus difficile. Dans ce cas, les importations d'excédents peuvent combler un déficit de nourriture.
18. Les céréales et les plantes à tubercules sont la
, nourriture principale dans les pays pauvres. Une nourriture plus riche est un objectif important pour l'avenir. Mais la nourriture avec plus de viande, d'œufs, de lait, etc. (protéines d'origine. animale) suppose un pouvoir d'achat considérablement plus élevé. Celui-ci ne s'accroît que lentement en fonction de l'expansion de l'économie en général. Si le pouvoir d'achat est faible, la majeure partie des besoins de protéines ne peut être couverte que par des produits d'origine végétale (légumineuses).
19. Pour le proche avenir, la fourniture d'une
nourriture simple à la fraction accessible de la population fortement croissante des pays en voie de développement est le facteur principal déterminant le volume des excédents susceptibles d'être utilisés pour une amélioration de l'alimentation en général.
De ce fait, les possibilités d'utiliser des excédents diminuent fortement, même dans le cas où le relèvement du pouvoir d'achat permet de consommer une nourriture d'origine animale qui se rapproche davantage des besoins physiologiques.
20. Dans les conditions actuelles de l'alimentation,
les céréales (et les légumineuses en faible quantité) constituent le plus important produit excédentaire qui peut être fourni de l'extérieur. Cela s'applique également là où les plantes à tubercules sont la base de l'alimentation (Afrique). Outre des motifs
écono-' écono-'
miques, des habitudes de consommation et la nécessité de fournir des produits auxquels pourra, plus tard, se substituer la production intérieure· accrue, militent en faveur de ce principe. Pour l'alimentation, qui va en s'améliorant avec le développement, la livraison de produits laitiers, de viande, d'œufs, de graisse, etc. entre à peine (ou pas du tout ou dans une mesure réduite) en ligne de compte, et cela pour des raisons de coût. En général, la couverture des besoins au moyen de la production intérieure (en recourant, le cas échéant, à la fourniture d'excédents de céréales secondaires) semble plus indiquée du point de vue économique que la fourniture de produits d'origine animale.
C'est pourquoi il ne peut être recommandé de faire miroiter actuellement à l'agriculture de la C.E.E. des perspectives d'écoulement de quantités impor-tantes de produits animàux (exceptions: voir par. 21). Toutefois, les fournitures d'excédents peuvent tracer
le chemin pour d'éventuelles fournitures commerciales~
même de produits animaux 'dans l'avenir.
21. Les protéines d'origine animale sont
indispen-sables comme alimentation d'appoint des groupes vulnérables (surtout les enfants, les femmes enceintes et les travailleurs de force). L'utilisation de lait écrémé en poudre a donné les meilleurs résultats. Il est à recommander d'en rendre possible la
distri-bution gratuite aux femmes enceintes et aux enfa~ts.
Chaque enfant qui bénéficie des fournitures d'excédents doit devenir un citoyen capable de travailler. La fourniture de lait en poudre pour conserver la vie· et amélio,rer la santé n'exige qu'une fraction des dépenses 'qui devront plus tard être consacrées à l'éducation, à la formation scolaire et professionnelle d'un enfant, à la création d'un emploi, etc.
L'aide alimentaire aux groupes vulnérables oblige à tenir compte de ces frais supplémentaires. Au début de l'évolution surtout (dans la phase négative), il est difficile de faire face à ces frais. Cela peut avoir pour conséquence que des pays en voie de développement soient amenés à s'intéresser au problème de la planification de la population.
22. De mauvaises récoltes allant jusqu'au cas
extrême d'une récolte désastreuse peuvent acciden-tellement se produire. Dans ce cas, les excédents
- surtout de céréales - peuvent et doivent aider
récoltes ultérieures ou le paiement en prestations de travail. Les restitutions en nature pourraient permettre d'inaugurer, si elle n'existe pas encore, une politique de stockage à l'échelon national ou régional afin de faire face à des situations difficiles à l'avenir.
23. Les réformes agraires, si elles sont nécessaires
dans les pays en voie de développement, présentent toujours des problèmes complexes qui aboutissent parfois pendant une période transitoire à une diminution de la production. L'utilisation des excédents peut permettre de suppléer à la production ainsi réduite.
24. Pour résoudre les problèmes évoqués ci-dessous,
la constitution de certains stocks lors de récoltes favorables est indispensable. Du moins au début, urie aide de l'extérieur serait un stimulant efficace.
25. De considérables possibilités non employées de
production agricole existent dans la plupart des pays en voie de développement, même dans ceux qui sont très peuplés. Mais leur mise en valeur par des techniques modernes de production combinées avec d'autres mesures demande du temps. Ce serait complètement méconnaître les exigences de l'évolution si la pro-duction intérieure n'était pas encouragée par tous les moyens, sous prétexte que la fourniture de certains excédents est possible. Une utilisation des excédents peut aider à surmonter des difficultés de transition mais elle ne peut remplacer la production intérieure.
Partout où l'on dispose d'eau en quantité suffisante, .le remplacement des fournitures d'excédents par la production intérieure peut être obtenu le plus rapide-ment dans le cas du sucre. Une organisation industrielle combinée avec la culture accélérée de la canne à sucre ou de betteraves sucrières mène en quelques années au progrès. Les perspectives pour les fournitures de
sucre aux pays en voie de développement - pour
autant qu'elles existent - ne subsisteront que pour
une courte période de transition (exception probable : certains pays pétroliers). L'augmentation de la production de céréales et de légumineuses n'atteindra que rarement le même dynamisme. Le développement de la production animale, enfin, viendra généralement en troisième lieu.
Il faut s'attendre à voir les mesures d'encouragement prises dans un nombre croissant de pays en voie de développement se solder de plus en plus par un accroissement de la production. Le rythme de pro-gression est difficile à évaluer. L'ampleur et la durée de l'utilisation des excédents dépendront à la fois de l'accroissement des besoins et de l'accroissement de la production.
26. Aucun des objectifs susmentionnés de
l'utili-sation. des excédents n'est réalisable dans ,une institution efficace de régulation du marché dans le pays destinataire. C'est cette institution qui traitera
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avec les fournisseurs d'excédents. Elle a pour tâche d'analyser sans cesse les besoins à couvrir de
l'extérieur, d'assurer le transbordement, le décharge~
ment, l'entreposage, le transport et la distribution dans les zones déficitaires. Elle doit veiller à ce que les excédents ne soient utilisés que là où il y a menace de pénurie et de renchérissement et à ce qu'ils në provoquent pas une offre pléthorique qui perturberait la structure normale des prix et priverait de ce fait la production intérieure de ses débouchés. Le but ne peut être, non plus, de rendre possible des réexpor-tations directes ou indirectes.
Cela s'applique tout spécialement à l'alimentation d'appoint des groupes vulnérables. Celle-ci ne peut être efficace que là où la consommation peut être surveillée dans les hôpitaux, les écoles, etc.
Là où ces conditions d~ ordre institutionnel font
défaut, une utilisation vraiment profitable des excédents, répondant à tous les objectifs mentionnés est impossible.
Les abus, l'usage inapproprié, les avaries et autres déficiences jettent le discrédit sur l'utilisation des excédents, tant dans le pays destinataire que dans le pays fournisseur. Dans ce cas, il est à recommander de supprimer les livraisons ou du moins de les réduire à un volume tel qu'une utilisation profitable semble assurée.
27. Les conditions que nous avons recommandées
en ce qui concerne la distribution des excédents aux consommateurs doivent être distinguées des conditions à convenir entre le pays fournisseur et le pays desti-nataire. L'utilisation des excédents suppose l'existence des facilités mentionnées au paragraphe 3. Sinon, elle n'aurait pas lieu. Les clauses qui conviennent dépendent de la situation particulière du but spécial de l'utilisation.
La fourniture gratuite est souhaitable pour l'aide en cas de catastrophes, et po:ur l'alimentation d'appoint des groupes vulnérables.
Diverses formes de financement sont imaginables dans le cas des autres objectifs d'utilisation.
IV. UTILISATION DES EXCÉDENTS
COMME AIDE AU DÉVELOPPEMENT
28. L'aide alimentaire venant de l'extérieur n'a
pas toujours la priorité dans les programmes gouver-nementaux des pays en voie de développement. D'autres desiderata l'emportent dans le domaine du développement économique en général, en particulier l'aspiration à l'industrialisation. Tout d'abord, seule une petite fraction de la population apte au· travail est nécessaire pour les processus modernes de travail et de production, les usines, les transports, etc., bref,
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-dans les têtes de pont, au début peu importantes, de l'économie rationnelle. Ce n'est qu'id qu'une · aptitude au travail augmentée par une meilleure alimentation acquiert de l'importance en vue du développement général. Ce groupe de consommateurs privilégiés est sans doute identique aux groupes de
population que nous avons définis aux paragraphes 16
et 17, ou même plus restreint. Par contre, la majeure
partie de la population et de l'augmentation de la population doit demeurer encore« dans l'antichambre de l'évolution». Dans .ce cas-ci, l'amélioration de l'alimentation ne peut guère stimuler le développement
général.
Ce n'est pas seulement dans le cas où l'aide alimentaire est donnée sous forme de crédit, c'est-à-dire lorsqu'elle devra un dour être remboursée, que les gouvernements refuseront de lui confier une priorité limitée ou
sélective~ On sait que, même dans le cas d'U;ne cession
gratuite, des frais en résultent dans le pays fournisseur. Si l'aide accordée n'est pas remboursable, on peut souhaiter recevoir celle-ci pour des utilisations qui, de l'avis du gouvernement du pays destinataire, sont plus profitables.
29. L'intérêt que portent les destinataires- comme
les pays fournisseurs - à l'utilisation des excédents
augmente de façon décisive si les excédents, au-delà
.du but d'une meilleure alimentation, peuvent con-tribuer comme instrument essentiel de promotion, au sens plus large, ·au développement rapide et définitif de l'économie. Cette possibilité existe.
Dans les pays pauvres, beaucoup de projets utiles, productifs et urgents de développement ne peuvent être entrepris parce que les capitaux nécessaires font défaut. Dans tout projet de développement, une part déterminée du coût total concerne des frais de nourriture. Cette part du coût total peut souvent être accordée sous forme d'excédents. Plus le pour-centage des frais de main-d'œuvre est élevé dans un projet de développement, plus la part incombant aux frais de nourriture est élevée à son tour. Les améliorations agricoles, l'irrigation et le drainage, le reboisement, les constructions de barrages, de canaux et de routes sont coûteux en main-d'œuvre. Dans le cas de boursiers recevant une formation, la part des frais de nourriture peut atteindre la moitié des dépenses totales. Les fournitures d'excédents
pourraient couvrir en moyenne 20% du coftt total
du nombre de projets de développement, de l'industrie, de l'infrastructure, de l'agriculture et de l'ensei-, gnement. Lorsque les denrées alimentaires sont remises
aux consommateurs contre paiement, mais qu'elles sont livrées par le pays fournisseur aux conditions avantageuses dont nous avons parlé, l'utilisation des excédents acquiert comme contribution à la formation de capital une double fonction en vue de l'accélération du développement économique en général. La technique mise en œuvre pour obtenir cette double
16
·~· '(~''•"·):<:!. -~···,:~:''.rj' < >:
1
contribution cpnsiste dans la création d'un
fol'J.ds
de développement ou de contrevaleur constitué au
moyen du produit de la vente. Ce fonds pennettra
de financer les projets de développement qui seraien.t 1 .'
autrement irréalisables. . ·'
30. La double utilité des excédents ne sera obtenue
que là où la pénurie affecte simultanément
l'alimèn-,
tation et les capitaux et là où des projets de dévelop- 1
pement complémentaires et productifs ne penvent être réalisés que grâce à cette contribution extérieure.
Les projets de développement devenus possibles
grâce à la fourniture d'excédents doivent donc être entrepris en supplément de ce qui était possible avec les moyens disponibles jusqu'ici. Si la fourniture d'excédents avait pour effet de faire négliger ou de réduire les efforts pour augmenter la production agricole ou pour constituer du capital intérieur, ou encore de favoriser un certain relâchement dans le recouvrement des impôts, créant ainsi un désé-' quilibre budgétaire, elle perdrait évidemment ·son utilité pour le développement économique en général. Elle peut même devenir l'opposé d'une. aide devant' mener à l'effort propre.
31. La réalisation d'un projet exige fréquemm~t
l'emploi de biens d'équipement fabriqués à l'étranger. Les fournitures d'excédents ne peuvent être pleine-ment efficaces que si le capital étranger, nécessairé ·
à cet effet, est fourni en même temps. ·
32. Les pays fournisseurs et les pays destinataires\·
ont tout intérêt à un développement optimal de l'économie, cela veut dire, entre autres, à un rapport favorable entre le coût et les résultats. Dans le cas des excédents agricoles, ce rapport entre le coftt et les résultats n'est pas favorable. A l'inverse de la
fourniture de produits industriels qui ont dans
lk
pays destinataire toute la valeur intérieure du pays fournisseur plus les frais de transport, etc., les produits agricoles n'y ont pas beaucoup plus, parfois moins., que la moitié de la valeur du prix intérieur réglementé
dans le pays fournisseur qui a été fixé au-dessus 1·
du niveau mondial. S'il est vrai que les excédents , coûtent plus aux pays fournisseurs que ce qu'ils. valent pour le pays destinataire, ils remplissent pourtant par leur double utilité une fonction importante.
33. La fourniture d'excédents doit être considérée
comme une partie de l'aide globale en faveur d'un
pays en voie de développement. Le but ne peut être
de se débarrasser des excédents. Il faut radicalement déconseiller d'envisager à côté du reste de l'aide au développement, la fourniture d'excédents comme une aide complémentaire n'existant que sous cette forme. Elle doit être utilisée de manière productive dans
le cadre de l'aide globale.
n
est souhaitab1e de prendredes décisions sur le point de savoir si une p~
déterminée de l'aide globale sera donnée sous forme
... - -; r v~ ~L -.':."-- ,
~-.
d,excédents, en fonction des plans de développement
de chaque pays. Ce n'est qu,ainsi que la fourniture d'èxcédents peut être appréciée à sa pleine valeur.
La part idéale des fournitures d'excédents dans l'aide -globale au développement n'est pas la même partout
et à tout moment. Il semble que 20
%
répondentà la moyenne des besoins (1). Lorsque l'aide au développement est employée utilement, la part
dfminue dans la mesure où il devient évident qu'un
aécroissement des fournitures d'excédents entraîne une réduction des livraisons de biens d'équipement.
On doit s'attendre à ce que les pays en voie- de
_développement s'efforcent de plus en plus de réduire la part des excédents par la production intérieure,
afin d'obtenir davantage de biens d'équipement qui
ne peuvent être fabriqués sur place. Dans presque tous les pays en voie de développement, il faut tenir compte d'un besoin croissant de capitaux pour le financement du développement économique général. Comparée à celui-ci, la valeur des besoins alimentaires perd de l'importance.
. Si la part des excédents est trop élevée, ceux-ci ne perdent pas seulement leur efficacité mais seront
également moins apprécié~ dans le pays de destination.
En plus de cela, le destinataire est amené à se demander si la fourniture d'excédents ne sert pas davantage à la régulation du marché et--à l'élimination de tensions dans _Je pays fournisseur qu'au développement du pays destinataire.
C'est pourquoi la fourniture d'excédents ne devrait pas être considérée comme une tâche permanente. E]Jé devrait plutôt être utilisée de façon telle qu'elle ·puisse s'effacer de plus en plus et finalement disparaître au profit de l'aide au développement dans les autres domaines.
34.' Pour l'utilisation des excédents, des programmes
à long terme doivent être établis en accord avec les pays destinataires. Leur incorporation aux pro-grammes de la production de la C.E.E., de même qu'aux plans généraux de développement, exige des fournitures relativement régulières, sur lesque1les peuvent compter les deux partenaires. Il est recommandé de subordonner expressément la four-niture d'excédents à la conclusion d'accords concernant
leur utilisation optima dans le domaine de
l'alimentation, de la création de capital et de l'utili-sation des fonds de contrevaleur pour des projets de développement, ainsi qu'à la conclusion d'accords concernant le contrôle de ces affectations.
35. L'amélioration de l'alimentation et la
program-.... mation du développement de la production rendues possibles grâce à l'utilisation des excédents se révèlent /compliquées. La programmation exige des
connais-sances et des aptitudes spéciales, et nécessite !:assistance, les conseils et les directives d'experts
'
-,possédant une vaste formation. Il serait souhaitable d'entreprendre en temps opportun la. formation d'un nombre assez grand de spécialistes en planification, venant des pays de la C.E.E. et de8 pays en voie de développement, afin de faciliter ainsi une étude commune, fondée sur des connaissances plus appro-fondies, de la planification en matière d'utilisation productive des excédents.
36. Il serait souhaitable de voir élaborer par la.
C.E.E., les pays intéressés et les institutions interna-tionales qui s'occupent des problèmes des excédents, un programme_ et des principes communs tenant compte à la fois des besoins des pays destinataires et des possibilités des pays fournisseurs.
37. Les modalités actuelles de l'utilisation des
excédents sont souvent considérées par certaines institutions internationales comme -une forme · de dumping. La fourniture d'excédents comme élément de l'aide au développement ne saurait se satisfaire des normes actuelles. Elle constitue une innovation, qui exige de nouvelles règles, pour autant qu'elle ne cache pas des intentions de lutte (pour élargir les débouchés) qui faussent le sens de J'aide au développement. De nouveaux accords internationaux sont nécessaires comme base d'une réglementation des fournitures d'excédents. Ils devraient répondre
-aux différents objectifs visés et protégèr aussi le
commerce des produits agricoles qui peut et doit résulter de cette utilisation d'excédents.
Nous recommandons à la C.E.E. de prendre l'initiative de semblables accords.
38. De nombreuses évolutions échappant à la
prévision compliquent toute tentative d'évaluer 1~
volume éventuel de l'utilisation des excédents par la C.E.E. L'accroissement de la population pourrait· encore, le cas échéant, être calculé avec une marge d'erreur relativement faible. Il est plus difficile d'évaluer le développement de J'économie en général, la part de la population<< accessible», la part de ceux qui ne pourvoient pas eux-mêmes à leurs besoins, leur pouvoir d'achat, ensuite, l'intensité et le rythme des efforts en vue d'accroître la production agricole: Jusqu'à quel point des programmes pour améliorer l'alimentation, fondés du point de vue physiologique, peuvent-ils être réalisés dans cette certitude? Quelle
attitude -les États-Unis - jusqu'ici à peu près les
seuls fournisseurs d'excédents - prendront-ils et
qu'en résultera-t-U pour la C.E.E.?
Dans les circonstances actuelles, J'évolution semble devoir s'opérer entre les limites suivantes:
a) Ce n'est que pour les céréales et le lait écrémé
en poudre qu'il existe sur une période assez longue
(1) Ce pourcentage concorde avec une recommandation de la
F.A.O. dont nous n'avons eu connaissance qu'après avoir achevé le présent exposé.
Voir : Les produits alimentaires au service du développement
-F.A.O. Rome-1961.
,\
,'
des possibilités d'utilisation qui correspondent aux beSoins et aux moyens des pa ys en voie de· dévelop-pement. Les perspectives pour le sucre sont plus limitées dans le temps, elles existent à peine pour la viande.
b) Il semble que l'utilisation de l'ensemble des
excédents de la C.E.E., des États-Unis et éventuelle-ment d'autres pays, puisse, pendant les cinq prochaines années, augmenter par rapport au volume actuel qui
est de 14 millions de tonnes ·de céréales et de
250 000 tonnes de lait écrémé en poudre. Au cours
des cinq années suivantes, on devra tenir compte de sensibles progrès dans la production propre de beaucoup de pays en voie de développement. Il n'est dès lors pas improbable que dans dix ans l'utilisation des excédents se rapproche de nouveau du volume actuel et descende, plus tard, en dessous de ce volume.
Si le volume atteignait 20 millions de tonnes de
céréales et un million de tonnes de lait écrémé, cela représenterait aux prix mondiaux actuels une valeur
d'environ 2 milliards de dollars, mais un coût 'de
50 à fOO% plus élevé pour le pays fournisseur. La
tranche du coût dépassant le niveau du marché
mondial devrait être imputée aux frais de la ·régu· lation du marché dans les pays fournisseurs.
Pour que la part des excédents ne dépasse pas un cinquième de l'aide globale au développement, cette
dernière devrait être portée à 1 0 milliards de dollars
par an. Tant que cette dépense totale ne sera pas atteinte, on pourra difficilement s'attendre à ce que le volume de l'utilisation des excédents arrive aux
chiffres précités. Mais si ce total est atteint, il est
possible que la phase où les be~oins à couvrir de
l'extérieur d~ns les pays en voie de développement
atteignent leur niveau maximum, soit dépassée, de sorte que la part de l'utilisation des excédents pourrait
déjà être inférieure à 20
o/
0 •Il est impossible de calculer sur la base des besoins des pays en voie de développement la part du volume global de l'utilisation des excédents revenant éventuel-lement à la C.E.E. Évaluer ce volume possible sur la base de la part de l'aide au développement de la
C.E.E. dans l'ensemble de l'aide globale de tous les
RAPPORT GÉ-NÉRAL
CHAPITRE I
LES BESOINS DE DENRÉES ALIMENTAIRES DANS LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
§ 1. LE PROBLÈME DE L'ALIMENTATION DANS LES PAYS
EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
CARACTÈRE SAISONNIER ET RÉGIONAL DE LA SOUS-ALIMENTATION
Les études régionales concernant certains pays en voie de développement ont permis de déterminer de façon très approximative les carences alimentaires des
diverses populations. Le paragraphe 4 contient des
données, quantitatives empruntées aux rapports par pays. L'importance du déficit alimentaire, non seule-ment dans les pays considérés, mais d'une façon très générale dans un grand nombre de pays sous-déve-loppés,- est grave pour l'avenir de ces pays eux-mêmes et de toute l'humanité, tant du point de vue quanti-tatif que qualiquanti-tatif. Il explique l'étendue de la misère dans le monde avec toutes les conséquences qu'elle entraine dans le domaine sanitaire.
. La sous-alimentation de la population dans les régions sous-développées accuse généralement des écarts sai-sonniers et régionaux. C'est ainsi qu'une partie de la , population du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie .et départements sahariens) est souvent sous-alimentée durant sept mois de l'année; cette sous-alimentation
affecte 25% de la population à l'ouest de ce territoire
et 50
o/
0 à l'est. De même sur toute l'étendue du vasteterritoire de l'Éthiopie, où les conditions naturelles
sont si diverses, il est facile de découvrir des disettes
locales dues à des conditions exceptionnelles.
Dans les régions de l'Inde qui s'étendent comme une
ceinture de plus de 2 000 km de longueur, des régions
situées au nord de Bombay à l'appendice oriental de la province d'Assam, où le déficit est structurel, c'est-à-dire permanent, on constate également des écarts saisonniers et régionaux dans le déficit alimen-taire. En Afrique centrale, les variations saisonnières sont beaucoup plus marquées lorsqu'on atteint les zones sèches et: que les cultures pratiquées en bordure de rivière ne permettent pas de récolte en saison sèche. Platt et Miss Grand ont signalé des variations de
1 400, au moment de la soudure, à 3 000 calories après
la récolte dans un régime moyen de 1 800. Les
ooser-- vations de la mission Pales en Afriqueooser--Occidentale ex-française confirment ces constatations.
19
GROUPES SOCIAUX ET MODES TRADITIONNELS D'ALIMENTATION
Le niveau alimentaire ·varie souvent sensiblement en
fonction des group~s sociaux et des _groupes d'âge et,
si les ressources caloriques semblent en règle générale satisfaisantes, la sous-alimentation, même calorique, . des enfants est souvent très grave jusqu'à· l'ado-lescence. C'est ainsi que les enquêtes effectuées par Nicol en Nigeria ont révélé que les déficits en calories, par classe d'âge, des enfants du sud de ce pays
atteignent 25% des besoins de 1 à 3 ans et encore
22% de 10 à 12 ans et 6% au-delà de 13 ans.
Le mode de vie traditionnel des populations autoch-tones qui, dans de nombreux cas, rend plus difficile ou empêche la lutte contre la sous-alimentation calo-rique et contre une mauvaise alimentation, pose un problème particulier.
C'est pourquoi il est permis de penser- que, pour obtenir des résultats efficaces dans la mise en œuvre de programmes alimentaires, il faudra, .à l'aide d'une propagande constante, convaincre les populations autochtones de la nécessité d'améliorer leur régime alimentaire. Il ne suffit pas en effet que des savants et des hommes d'action constatent la pénurie quanti-tative et qualiquanti-tative de denrées alimentaires et les conséquences qu'elle entraîne dans le .domaine de _ l'hygiène et de la santé et en ce qui concerne l' effi-cience physique, pour que les populations autochtones travaillent et se fatiguent davantage afin de produire davantage; il faut également faire en sorte que les populations intéressées prennent conscience, se per-suadent du fait que l'objectif des programmes alimen-taires répond à des besoins urgents et que· ces programmes sont mis en œuvre exclusivement dans leur intérêt et celui de leur famille. Ce facteur, que l'on pourrait qualifier d'indifférence psychologique à l'amélioration de la situation alimentaire, peut, dans certains cas, entraver les élans et retarder l'obtention des résultats.
Les habitudes alimentaires varient en fonction des groupes ethniques, qui sont très différents, ce qui entraine parfois de véritables catastrophes : les tra-vailleurs Ashantis employés dans les plantations de
caoutchouc du Libéria se refusent à inànger du riz,
'î
-LeS enquêtes effectuées par Périssé de 1954 à 1958 dans cinq villages du Togo, à peine distants les uns
des autres de plus de ·150 km, ont donné les résultats
suivants· : dans l'un de ces villages, le mil, le pois Voandzou, les arachides et d'autres légumineuses constituent la nourriture principale. Dans le second, une quantité importante d'ignames vient s'ajouter au mil et aux légumineuses; dans la région du sud-. ouest, riche en forêts, racines, tubercules et plantains
constituent la nourriture principale, tandis que dans un autre village, les habitants consomment surtout du manioc et pas d'ignames, le maïs étant la seule céréale utilisée. Sur toute l'étendue du territoire de l'Afrique noire, on peut constater que les indigènes considèrent avant tout le poisson comme un condi-ment et non comme un mets de subsistance.
Ces habitudes de consommation sont naturellement la conséquence du niveau peu élevé des revenus et des méthodes de production appliquées dans les diffé-rentes régions. Seule une faible proportion des denrées alimentaires produites est transportée sur des dis-tances relativement longues. C'est ainsi que dans les régions sèches du centre de l'Inde, le mil constitue la nourriture principale, tandis que les habitants du Punjab consomment surtout du blé. Dans toutes les régions où les précipitations sont abondantes et où il est possible de cultiver le riz, comme par exemple dans les zones côtières du sud de l'Inde et surtout dans les provinces du nord-est, le riz constitue la principale nourriture. Les produits végétaux jouent un rôle important dans de nombreux modes d'.alimen-tation.
Des livraisons de denrées alimentaires ne permettent pas de résoudre purement et simplement ces problèmes d'alimentation, car l'expérience montre que les autochtones n'apprennent que difficilement comment équilibrer leur alimentation à l'aide de produits alimentaires plus riches. C'est pourquoi les livraisons non commerciales de produits alimentaires ne de-vraient porter que sur les denrées qui sont consommées également par une population insuffisamment ou mal nourrie, qui permettent d'équilibrer l'alimentation et qui pourront encore à l'avenir, dans les régions consi-dérées, faire partie des denrées alimentaires de base.
CONSÉQUENCES DE L'URBANISATION
A ce problème s'ajoutent les conséquences de l'urbani-sation et l'influence qu'elle exerce sur les habitudes alimentaires, non seulement dans les villes proprement dites, mais également dans leur zone de rayonnement. La désaffection pour la consommation des produits locaux est la conséquence de l'exemple donné par la population urbaine, auquel s'ajoute l'impression que l'accès à des biens nouveaux augmente le prestige social.
Le mil et le sorgho sont remplacés par le riz, le maïs, voire le blé. Si, comme c'est le cas pour le riz,
::t
>:·· .. ,-,
~::~.. :-;
r-le produit d'importation est moins cher dans r-les régions côtières que les productions locales concur-rentes, le processus de remplacement s'en trouve natu-rellement accéléré. Si nous avons pris l'exemple du· mil, c'est qu'à l'aspect économique s'ajoute un aspect
alimentaire : la substitution du riz et surtout du tpaïs,
mais même celle du blé au mil, entraîne une dégr~
dation du régime alimentaire si elle n'est pas com-pensée par la consommation supplémentaire de protéines riches, souvent d'origine animale, donc coûteuses. Si l'apport extérieur ne se limite pas à compléter la production locale, mais tend en partie à se substituer à elle, la situation s'en trouvera aggravée au lieu d'être améliorée.
Dans certains rapports par pays (1), il a été
possible-de déterminer quelle proportion possible-de la population pouvait être touchée. C'est ainsi qu'en Libye il semble difficile d'intervenir en faveur de la population
·.'
nomade. Là non plus il n'existe pas de règle absolue, '
et la solution qui consisterait, pour des raisons de
facilité, à limiter l'action aux populations urbaines
pourrait avoir des conséquences redoutables si elle intensifiait l'exode des populations rurales vers les bidonvilles, vers les taudis qui entourent certaines
agglomérations urbaines. Cette aide, au lieu de per-~
mettre la transformation de producteurs insuffisam-ment productifs en consommateurs solvables, les transformerait en assistés permanents. L'aide, au lieu de promouvoir le développement, aurait favorisé la «clochardisation)}.
Dans l'ensemble, il ressort des rapports par pays· et
autres documents que : r
a) Si l'on prend pour base les données et les critères
applicables aux pays développés, un pourcentage élevé, différent selon les :régions, de la population des
pays en voie de développement connaît une so~s
alimentation ou une malnutrition permanente ou saisonnière, du point de· vue de la valeur calorique, de la teneur en protéines ou d'autres normes ou
critères; ·
b) Des habitudes solidement ancrées de longue date
s'opposent au progrès;
c) L'évolution sociale et éeonomique dans les pays
en voie de développement entraîne fréquemment, en même temps que de nombreuses améliorations, une détérioration de la situation alimentaire.
§ 2. ALIMENTATION
ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Le rôle de l'économie est de satisfaire des bèsoins. Comme l'alimentation fait partie des besoins fonda-mentaux de l'homme, l'amélioration de l'alimentation doit également.figurer parmi les objectifs du
dévelop-( 1) Voir annexes.