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Rubrique de la conférence de L'ACIO: Adopter une approche interprofessionnelle de prise de décision partagée pour encourager l’implication des patients

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Academic year: 2020

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rubrique De lA conFérence De l'Acio

Adopter une approche interprofessionnelle de

prise de décision partagée pour encourager

l’implication des patients

par Dawn Stacey et France Légaré

AbréGé

Le traitement et le dépistage du cancer ne font pas l’objet de décisions faciles puisque ces décisions dépendent du choix éclairé que doit faire le patient. Une prise de déci-sion interprofesdéci-sionnelle et partagée a lieu lorsque deux professionnels de la santé ou plus collaborent avec le patient pour décider ensemble de ce qu’ils feront. Pour encoura-ger l’implication efficace du patient dans cette prise de décision, il faut cependant lui offrir des outils et du soutien. Les outils prennent typiquement la forme de textes ou de vidéos tandis que le soutien est prodigué par des professionnels de la santé expéri-mentés qui savent comment aider le patient à prendre une décision sans orienter cette dernière. Les deux modes d’intervention permettent au patient d’énoncer clairement sa décision, d’obtenir sur les choix qui lui sont proposés des renseignements impar-tiaux fondés sur les meilleures données pro-bantes disponibles, et de déterminer ce qui est le plus important pour lui. La présente étude vise à discuter des manières dont les infirmières en oncologie peuvent adopter une approche interprofessionnelle de prise de décision partagée.

étuDe De cAs 

M.  Tremblay, un homme de 65  ans en bonne santé, vient de recevoir un dia-gnostic de cancer de la prostate localisé. Après lui avoir présenté les résultats de sa biopsie, on l’informe que divers choix s’offrent à lui  : opter pour une surveil-lance active ou se tourner vers une ou plusieurs des trois formes de traitement que sont la chirurgie, la radiothérapie externe et la curiethérapie. Le taux de sur-vie lié aux traitements est relativement semblable, mais le risque de complica-tions à long terme (impuissance, incon-tinence, irritation du côlon,  etc.) varie. M. Tremblay ne sait pas trop quoi faire. Quel serait le meilleur choix pour lui?

introDuction

Les personnes qui reçoivent un dia-gnostic de cancer se voient souvent offrir plusieurs options et vivent de l’incer-titude quant au meilleur choix à faire. Cette incertitude, parfois appelée « conflit décisionnel  », est généralement causée par le besoin de mesurer le risque propre à chaque possibilité, l’anticipation d’une perte, la crainte de regretter sa décision, ou encore la remise en question de ses valeurs personnelles (ANADI/NANDA, 2005). Dans le cas des hommes souffrant d’un cancer de la prostate par exemple, le traitement choisi pourra avoir des consé-quences à long terme diverses, parmi lesquelles figurent l’impuissance, l’in-continence et l’irritation du côlon (voir le tableau  1). Par conséquent, la voie suivie devrait être fondée sur les meil-leures données probantes disponibles doublées d’un choix éclairé du patient. Cependant, seul un patient sur deux environ est réellement impliqué dans la prise de décision à cet égard, l’autre moi-tié se contentant d’accepter le traitement recommandé par leur praticien (Kiesler

et Auerbach, 2006). Dans le cas du can-cer de la prostate, l’urologue recomman-dera typiquement la chirurgie, alors que le radio-oncologue recommandera de se tourner vers la radiothérapie. Des études menées au Canada et aux États-Unis ont permis de constater que bon nombre de ces spécialistes ont tendance à fournir une information partiale à leur patient, teintée par leur propre préfé-rence et champ de spécialité, et qu’ils ne parviennent pas à détecter correctement ce que désirent réellement les hommes qu’ils suivent (Fowler et al., 2000; Pearce, Newcomb et Husain, 2008). Le taux com-paratif en Ontario pour la chirurgie du cancer de la prostate va de 32 % à 57 %, une variation qui pourrait dénoter un passage injustifié au bistouri puisque le choix retenu devrait découler d’une déci-sion éclairée du patient (Cancer surgery in Ontario: ICES Atlas, 2008; Wennberg, 2002). Or, ce que vivent les hommes souffrant d’un cancer de la prostate est similaire à ce que vivent les hommes et femmes qui doivent prendre des déci-sions liées au traitement ou au dépistage de tout autre type de cancer.

Le présent article vise principale-ment à discuter de la manière dont les infirmières en oncologie peuvent mieux aider les patients à prendre une décision éclairée de qualité en ayant recours à l’approche interprofessionnelle de prise de décision partagée. Nous chercherons plus précisément à définir ce que serait une approche interprofessionnelle de prise de décision partagée, à explorer les outils dont disposent les infirmières en oncologie pour les aider, et à discuter des manières dont ces approches et outils pourraient être intégrés dans la pratique clinique. Enfin, nous prendrons appui sur le cas de M. Tremblay pour montrer comment une infirmière peut mettre en pratique les approches et outils proposés.

Au suJet Des Auteures

Dawn Stacey, inf. aut., Ph.D., CSIO(C), Professeure, École des sciences infirmières, Université d’Ottawa

[email protected]

France Légaré, M.D., Ph.D., CCMF, MCMF, Professeure, Faculté de médecine, Université Laval

[email protected]

Auteure à qui adresser la correspondance: Dawn Stacey, 451 Smyth Road (RGN 1118), Ottawa, ON K1H 8M5

613-562-5800, poste 8419

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l’APProcHe

interProFessionnelle

De Prise De Décision

PArtAGée

La prise de décision partagée est le processus par lequel un choix est effec-tué en matière de soins de santé par un patient et un professionnel de la santé. La prise de décision partagée néces-site la connaissance et la compréhen-sion des différents choix proposés, la clarification des valeurs et préférences du patient, et la prise de décision ou le report de celle-ci (Makoul et Clayman, 2006). Idéalement, la décision est prise de manière éclairée, à partir d’informa-tion impartiale, et mène à une entente commune entre le praticien et le patient sur la meilleure voie à suivre. La prise de décision partagée a été décrite comme la pierre d’assise des soins axés sur le patient, une philosophie de soins voulant que tous les soins soient pro-digués de manière respectueuse, en tenant compte des préférences indivi-duelles du patient, de ses besoins et de ses valeurs, de sorte que les valeurs du patient guident l’ensemble des déci-sions cliniques (Committee on Quality of Health Care, 2001; Weston, 2001). Une synthèse de plusieurs études a éta-bli que lorsque les patients participaient à la prise de décision, ils en retiraient une meilleure qualité de vie, la sensa-tion d’avoir un plus grand contrôle sur leur maladie, un plus grand soulage-ment de leurs symptômes et moins de fatigue, de déprime et de soucis liés à leur maladie (Hibbard et Greene, 2013; Kiesler et Auerbach, 2006). Cependant, les patients sont plutôt rarement impli-qués dans les décisions concernant leur santé, même si la plupart d’entre eux souhaiteraient participer davantage à ces décisions (Couet et al., 2013; Kiesler et Auerbach, 2006).

La prise de décision interprofession-nelle et partagée se produit lorsque deux professionnels de la santé ou plus col-laborent avec un patient pour décider ensemble de ce qu’ils feront (Légaré, Stacey, Gagnon et al., 2011; Légaré, Stacey, Pouliot et al., 2011). La collabo-ration interprofessionnelle permet de tirer profit des forces propres à chaque approche en matière de prestation

de soins de manière à ce que chaque professionnel exerce pleinement sa pratique sans chercher à dupliquer intentionnellement les services. Selon le modèle de prise de décision interprofes-sionnelle et partagée (voir la figure 1), le processus de prise de décision partagée implique les éléments suivants : 1) expli-citer la décision qui doit être prise; 2) échanger de l’information sur les pos-sibilités avec leurs risques et bénéfices; 3) discuter des valeurs liées aux résultats potentiels de chaque possibilité et des préférences du patient; 4) déterminer la faisabilité de chaque possibilité; 5) expri-mer le choix privilégié; 6) faire un choix; 7)  réaliser la démarche entendue. Ce modèle a été établi par une équipe interprofessionnelle internationale à partir des conclusions tirées d’une ana-lyse théorique des modèles concep-tuels précédents (Légaré, Stacey, Pouliot et al., 2011; Stacey, Légaré, Pouliot, Kryworuchko et Dunn, 2010).

Le modèle de prise de décision parta-gée compte deux axes principaux : l’axe vertical illustre le processus de prise de décision partagée et l’axe horizon-tal représente les individus participant à ce processus (Légaré, Stacey, Gagnon et al., 2011; Légaré, Stacey, Pouliot et al., 2011). On considère qu’il y a deux grandes «  équipes  »  : celle formée du patient et de sa famille, et celle consti-tuée de divers professionnels, parmi lesquels une personne jouant le rôle de soutien décisionnel. Au bout du pro-cessus, les deux équipes fusionnent pour en former une seule et même. Ce modèle s’appuie sur quatre postu-lats. Premièrement, que la participa-tion du patient à la prise de décision partagée est essentielle pour prendre des décisions éclairées fondées sur les valeurs personnelles du patient. Deuxièmement, que la prise d’une déci-sion partagée sera plus susceptible d’être réussie si l’équipe interprofessionnelle a

Tableau 1 : Possibilités en cas de cancer de la prostate à faible risque, avec risques et bénéfices associés (APS < 10; Gleason < 6)

(division of Cancer Care and Epidemiology, 2013) Aucun

traitement Chirurgie Radiothérapie externe Curiethérapie

BÉNÉFICES POTENTIELS Décès des suites du cancer

de la prostate (après 15 ans) 7 sur 100 5 sur 100 5 sur 100 5 sur 100 Contrôle parfait de la vessie 100 sur 100 88 sur 100 99 sur 100 95 sur 100 RISQUES POTENTIELS

Décès lié au traitement Sans objet 13 sur 1000 < 1 sur 1000 < 1 sur 1000 Impuissance causée par le

traitement Sans objet 30-60 sur 100* 40-60 sur 100 40-60 sur 100 Incontinence : fuite

nécessitant le port d’une serviette

0 sur 100 10 sur 100 1 sur 100 4 sur 100

Perte de contrôle de la vessie : besoin de porter une couche pour adulte, d’avoir un cathéter ou de subir une chirurgie

0 sur 100 2 sur 100 0 sur 100 1 sur 100

Problèmes d’intestins : diarrhée chronique et sang dans les selles

0 sur 100 0 sur 100 2-5 sur 100 1 sur 100

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une compréhension commune des élé-ments constituant le processus de prise de décision partagée et reconnaît l’in-fluence des divers individus impliqués dans ce processus. Troisièmement, qu’il peut arriver qu’une approche interpro-fessionnelle de prise de décision parta-gée se produise en synchronicité, par exemple au cours d’une réunion de famille dans la salle des soins intensifs, mais qu’elle se produira le plus souvent de manière décalée. Quatrièmement, que la famille et les proches sont des intervenants importants qui contri-buent à la décision et peuvent être tou-chés par celle-ci, mais que leurs valeurs et préférences ne sont pas forcément alignées sur celles du patient.

Conseils pour les infirmières : Les

infir-mières en oncologie sont des membres clés de l’équipe interprofessionnelle qui influent souvent sur le processus de prise de décision partagée lorsque

le patient doit prendre une décision en matière de prévention, de dépistage ou de traitement. En prenant le temps de réfléchir sur votre propre rôle dans la prise de décision partagée, vous pour-rez prendre davantage conscience des manières dont vous pouvez aider un patient qui doit prendre de difficiles décisions en raison du cancer. Le patient sait-il que plus d’un choix s’offre à lui (incluant le statu quo)? Est-ce que vos propres préférences ou celles d’autres membres de l’équipe sont en train d’in-fluencer le patient? Ses valeurs et pré-férences à lui sont-elles bien prises en compte? Qui, au sein de l’équipe de soins de santé, est là pour aider le patient dans son processus décision-nel et s’assurer qu’il comprend bien les choix qui s’offrent à lui? Quel est le cessus décisionnel typique qui se pro-duit? Les patients font-ils face au conflit décisionnel? (voir le tableau 2)

Des outils qui

FAcilitent lA Prise De

Décision PArtAGée : les

outils Décisionnels

Pour PAtients

Les outils décisionnels pour patients et le soutien décisionnel peuvent faci-liter le processus de prise de décision partagée. Les outils décisionnels pour patients doivent minimalement per-mettre d’expliciter la décision à prendre, offrir des informations probantes sur les possibilités s’offrant aux patients, avec leurs risques et bénéfices, et aider le patient à clarifier ses valeurs en regard des résultats attendus de chaque possibilité, afin d’arriver à cerner le choix privilégié (Stacey et al., 2014). Ces outils peuvent aussi indiquer, au moyen de probabilités, les chances et risques associés aux avantages et inconvénients, donner des témoignages personnels et proposer une démarche décisionnelle.

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Ces outils décisionnels pour patients prennent généralement la forme de documents imprimés, de vidéos ou de programmes informatiques interactifs et sont conçus ou bien pour se préparer à une rencontre avec un praticien, ou bien pour être examinés avec un prati-cien pendant une consultation. À la dif-férence du matériel éducatif, qui a pour but principal d’augmenter les connais-sances sur un sujet, les outils décision-nels pour patients visent surtout à aider à la prise de décision.

Une revue systématique des évalua-tions ayant été faites de l’efficacité des outils décisionnels proposés aux per-sonnes devant prendre une décision en matière de dépistage ou de traitement a révélé que 52 des 115 essais cliniques aléa-toires relevés (soit 45 %) concernaient des décisions en oncologie (Stacey et al., 2014). Les sujets visés comprenaient  : a) le dépistage des cancers de la prostate, du côlon, du col de l’utérus et du sein; b) le dépistage génétique des cancers du sein, des ovaires et du côlon; c) le traite-ment chirurgical, notamtraite-ment du cancer du sein (tumorectomie ou mastectomie, par exemple) et du cancer de la prostate (prostatectomie, radiothérapie ou sur-veillance active), la mastectomie prophy-lactique ou l’orchidectomie; d) la chimio-thérapie et la chimioprévention. Une éva-luation rigoureuse des outils décision-nels pour patients révèle que les patients qui ont recours à ces outils prennent des décisions de meilleure qualité, fondées sur des connaissances accrues, com-prennent mieux les chances et risques qu’ils courent, et optent pour un choix en plus grand accord avec leurs valeurs (Stacey et al., 2014). Ils réduisent le recours abusif à des options qui ne béné-ficient pas à la majorité des patients et augmentent le choix de solutions géné-ralement bénéfiques aux patients, ce qui permet un recours plus « optimal » aux soins de santé. Les patients sont en outre plus engagés dans le processus nel et vivent moins de conflits décision-nels, en plus d’avoir une meilleure com-munication avec leur praticien.

Conseils pour les infirmières  :

Utilisez-vous des outils décisionnels pour patients dans votre pratique? Si non, la meilleure façon d’en trouver est de

faire une recherche sur Internet. Le «  Répertoire des outils d’aide à la déci-sion » de l’Institut de recherche de l’Hô-pital d’Ottawa (https://decisionaid.ohri. ca/francais/repertoire.html et http:// decisionaid.ohri.ca/AZinvent.php pour les ressources en anglais) est la res-source internationale la plus complète en matière d’outils décisionnels pour patients. Vous pouvez consulter le réper-toire complet ou effectuer une recherche sur un sujet particulier. Chaque outil décisionnel pour patients est accompa-gné d’un résumé, d’un indice de qua-lité établi selon les normes IPDAS (International Patient Decision Aid Standards) et d’un lien direct vers l’ou-til. Si vous ne trouvez pas d’outil adapté à une situation clinique particulière, il est toujours possible d’utiliser un outil générique et de l’adapter, comme le per-met notamment le «  Guide personnel d’aide à la décision (Ottawa)  » (https:// decisionaid.ohri.ca/francais/gpdo.html). Vérifiez, après avoir trouvé un outil, que celui-ci convient bien aux choix s’offrant à la population de patients ou au contexte clinique visé.

Des outils qui

FAcilitent lA Prise De

Décision PArtAGée : le

soutien Décisionnel

Le soutien décisionnel est offert par une personne formée à cet effet qui peut faire office d’accompagnateur et faciliter le processus décisionnel sans

l’influencer en aidant le patient à réflé-chir aux différents choix qui s’offrent à lui, à se préparer à discuter de sa déci-sion pendant la consultation avec le pra-ticien, et à mettre en œuvre la solution choisie (O’Connor, Stacey et Légaré, 2008; Stacey et al., 2013). Le soutien décisionnel comprend plus précisé-ment les tâches suivantes : a) évaluer les besoins du patient en matière de déci-sion; b)  fournir, de manière verbale ou avec des outils décisionnels à l’appui, de l’information sur les différentes pos-sibilités en faisant ressortir les risques et bénéfices pour chacune d’entre elles; c)  s’assurer que le patient comprend bien l’information fournie; d)  clari-fier avec le patient ses valeurs quant aux caractéristiques et résultats liés à chaque option; e)  vérifier, s’il y a lieu, les besoins du patient relativement à la mise en œuvre de la solution choisie (motivation, confiance en soi, obstacles, engagement, etc.). Le soutien peut être accordé en personne ou par téléphone. Plusieurs membres de l’équipe inter-professionnelle peuvent être appelés à jouer ce rôle de soutien, qui n’est pas vraiment associé à une profession en particulier; ce rôle peut donc être joué par des infirmières, des conseillers en génétique, des travailleurs sociaux, des psychologues, des pharmaciens, etc.

L’examen de 10  études rigoureuses menées sur le sujet a révélé que le recours à un soutien décisionnel (seul ou avec des outils décisionnels pour patients) permettait au patient de mieux

Tableau 2 : « SuRE test » pour vérifier le conflit décisionnel (légaré et al., 2010)

EnGliSH FRAnÇAiS

Sure / Sûr Do you feel sure about the

best choice for you? Êtes-vous certain de ce qui constitue le meilleur choix pour vous?

Uninformed / Utilité de

l’information Do you know the benefits and risks of each option? Est-ce que vous connaissez les bénéfices et risques de chacune des options? Risk/Benefit Ratio /

Risques-bénéfices à balancer Are you clear about which benefits and risks matter most to you?

Avez-vous le sentiment de savoir ce qui est le plus important pour vous à l’égard des risques et bénéfices? Encourage / Encouragement Do you have enough support

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comprendre sa situation, de se sentir plus investi dans la prise de décision et d’être plus satisfait du processus déci-sionnel suivi qu’un patient n’ayant pas eu de soutien décisionnel ou n’ayant eu que des outils décisionnels pour patients pour l’aider (Stacey et al., 2012). Les infirmières formées pour offrir du soutien décisionnel disent se sentir plus aptes à détecter quand un patient a besoin de soutien décisionnel, mieux préparées à explorer avec le patient les questions à se poser, et plus utiles et à l’aise globalement pour aider le patient (Stacey, Pomey, O’Connor et Graham, 2006).

Conseils pour les infirmières  : Vous

pouvez en apprendre plus sur le sou-tien décisionnel et la prise de décision partagée en suivant le « Tutoriel de sou-tien à la décision d’Ottawa » à l’adresse

https://decisionaid.ohri.ca/ODST/ index-f.php. Ce programme en ligne est gratuit et permet d’obtenir un certificat à la fin, qui peut servir comme preuve de formation continue. Le « Guide person-nel d’aide à la décision (Ottawa)  » pro-pose quant à lui un outil de deux pages à utiliser avec le patient pour l’aider à prendre une décision, quelle qu’elle soit. Il s’accompagne d’un scénario expli-quant comment l’utiliser de manière standard et d’une vidéo expliquant son utilisation (en anglais). La réflexion sur la pratique est une autre voie d’appren-tissage pour les infirmières; le « DSAT-10  : Outil pour évaluer le soutien à la décision  » est un autre outil qui peut vous aider à autoévaluer la qualité du soutien décisionnel que vous offrez (Stacey, Taljaard, Drake et O’Connor, 2008).

mise en ŒuVre

D’une Décision

Prise De mAniÈre

interProFessionnelle

et PArtAGée

Même s’il est bien prouvé que les patients ont besoin d’être plus impli-qués dans la prise de décision parta-gée, des obstacles demeurent (Légaré et Thompson-Leduc, 2014). Fait inté-ressant, la plupart sont en fait des mythes qui doivent être dissipés (voir le tableau  3). Pour surmonter ces obs-tacles, des patients de 44  études ont suggéré précisément que les infirmières expliquent l’information donnée sur les différents choix, offrent du soutien en écoutant les préférences du patient, puis l’aident à faire part de ces préférences aux médecins (Joseph-Williams, Elwyn et Edwards, 2014).

Une synthèse de 39  études a indi-qué que l’approche qui fonctionnait le mieux pour la prise de décision par-tagée consistait à employer des straté-gies visant à la fois les professionnels de la santé et les patients (Légaré et al., 2014). Les professionnels de la santé sont plus susceptibles de participer à une prise de décision partagée en étant formés à cette pratique. Les patients, quant à eux, arrivent mieux à influen-cer la prise de décision partagée quand ils ont utilisé des outils décisionnels pour patients. Dans tous les cas, tous les essais où ces deux conditions étaient réunies menaient à une mise en œuvre plus efficace de la solution retenue que quand une seule des deux conditions avait eu lieu.

Conseils pour les infirmières  : Afin

de favoriser l’engagement du patient dans la prise de décision en contexte de pratique clinique, les infirmières en oncologie devraient d’abord cerner quelles sont les décisions courantes à prendre et déterminer à quel moment ces décisions doivent être prises dans la démarche de soins. Existe-t-il des outils décisionnels pour patients qui pourraient servir dans ce cas? Faut-il mieux faire connaître aux membres de l’équipe de soins interprofession-nelle les principes de la prise de déci-sion partagée et les outiller à cet égard?

Tableau 3 : Mythes circulant sur la prise de décision partagée (et interprofessionnelle)

Mythe Réalité

C’est une mode récente. En 1959, on disait d’un médecin moderne qu’il devait prendre des décisions de concert avec ses patients (Menzel, Coleman et Katz, 1959).

On le fait déjà. Il y a toujours place à l’amélioration. L’examen de 33 études a révélé qu’en moyenne, seulement 23 éléments sur 100 liés à la prise de décision partagée étaient actuellement intégrés en pratique clinique (Couet et al., 2013).

Les patients préfèrent prendre eux-mêmes leurs décisions.

Pour qu’il y ait prise de décision partagée, au moins deux personnes doivent être impliquées dans le processus (Charles, Gafni et Whelan, 1997).

Les patients ne veulent

pas être impliqués. Plus de 90 % des patients veulent être impliqués dans une prise de décision partagée, mais seulement 50 % le sont réellement. Les plus vulnérables sont généralement moins impliqués, ce qui résulte systématiquement en une décision partiale (Kiesler et Auerbach, 2006).

Ce n’est pas une

pratique pour tous. La mise en place d’interventions pour faciliter la prise de décision partagée sera toujours mieux que rien. Les interventions qui visent à la fois l’équipe interprofessionnelle et le patient sont les plus efficaces (Légaré et al., 2014).

C’est trop long. Dans les études qui portaient sur les outils décisionnels pour patients, 7 études n’ont relevé aucune différence dans la durée des consultations, 1 étude débouchait sur des consultations plus longues, et 1 étude sur des consultations plus courtes (Stacey et al., 2014).

Avoir recours à la prise de décision partagée est une véritable panacée.

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Le fait de mesurer la compréhension du patient ou son degré de conflit déci-sionnel au sortir d’une consultation stimule le besoin d’appuyer un patient dans sa prise de décision (The Health Foundation, 2013; Légaré et al., 2010). Une autre possibilité consiste à encou-rager le patient à poser les trois ques-tions suivantes (Shepherd et al., 2011) : 1) Quels choix s’offrent à moi? 2) Quels sont les risques et bénéfices propres à chaque possibilité? 3) Quelles sont les probabilités associées à ces risques et avantages?

étuDe De cAs : l’Histoire

De m. tremblAY

M. Tremblay, un homme de 65 ans en bonne santé, vient de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate loca-lisé. Divers choix s’offrent à lui : surveil-lance active, chirurgie, radiothérapie externe ou curiethérapie. M. Tremblay ne sait pas trop quoi faire. Pour aider les patients comme M. Tremblay dans leur prise de décision, l’Hôpital d’Ottawa a implanté une approche interprofession-nelle de la prise de décision partagée qui a été adaptée aux cas cliniques de cancer de la prostate. Voici le processus et les stratégies qui ont été utilisés dans le cas de M. Tremblay.

1. En s’appuyant sur la carte de soins, l’urologue a informé M. Tremblay que les résultats de sa biopsie avaient révélé un cancer de la pros-tate localisé, et que plusieurs choix s’offraient à lui. La pratique cou-rante demande notamment que tous les patients remplissent un sondage sur leur qualité de vie, ce qui permet d’en avoir un aperçu général (Hurst et al., 1997) en plus de fournir des renseignements spécifiques utiles conformes à l’Expanded Prostate cancer Index Composite (EPIC), comme l’état des fonctions sexuelles, urinaires et digestives (intestins) (Wei, Dunn, Litwin, Sandler et Sanda, 2000). Ce sondage est rem-pli de nouveau après le traitement de façon périodique.

2. La carte de soins a été modifiée afin que M. Tremblay puisse consulter aussi bien un radio-oncologue qu’un urologue.

3. L’infirmière a évalué ses besoins en soins de soutien et lui a fourni des documents d’information généraux, de même qu’un outil décisionnel pour patients à lire une fois chez lui. Cet outil avait été choisi parmi sept outils offerts dans le « Répertoire des outils d’aide à la décision » (https://deci-sionaid.ohri.ca/francais/repertoire. html et http://decisionaid.ohri.ca/ AZinvent.php); ces outils avaient été revus par l’équipe interprofes-sionnelle en fonction de leur indice de qualité et de leur pertinence quant au programme prévu.

4. Afin de clarifier les valeurs de M.  Tremblay et de vérifier sa com-préhension des divers choix qui lui étaient proposés, un sondage sur la qualité décisionnelle adapté au can-cer de la prostate a été envoyé chez lui pour qu’il le remplisse après avoir utilisé l’outil décisionnel pour patients. Ce sondage comportait neuf affirmations permettant de mesurer ses valeurs sur une échelle de 0 (pas important) à 10 (très important), de même que six questions à choix mul-tiples visant à vérifier ses connais-sances (Fowler, Gallagher, Drake et Sepucha, 2013).

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5. Lors de ses visites (et parfois par téléphone, entre deux visites), l’in-firmière vérifiait la compréhension qu’avait M. Tremblay des différentes possibilités de traitement (voir le tableau 1), rétablissait les faits lors-qu’il avait mal compris un aspect, répondait à ses questions et l’aidait à se préparer à discuter de ces choix pour les consultations avec l’uro-logue et le radio-oncol’uro-logue.

6. Pour faciliter la discussion pendant les consultations, un rapport d’une page résumant l’état clinique (y com-pris les indicateurs de qualité de vie) et les préférences et besoins déci-sionnels de M. Tremblay était fourni (voir la figure 2). D’après ce rapport, M.  Tremblay comprenait bien des 6 questions de connaissances et pré-férait se tourner vers un traitement actif et rapide. Il souhaitait aussi évi-ter la curiethérapie et les risques de problèmes d’intestin.

7. Pendant la consultation, M. Tremblay et l’urologue ont déterminé ensemble que la solution qui convenait le mieux à M.  Tremblay, compte tenu de ce qu’il savait et de ses valeurs, était la prostatectomie.

Avant d’entamer ces changements, les infirmières et les travailleurs sociaux de l’équipe avaient suivi un atelier de perfectionnement animé par un radio-oncologue et une infirmière en oncologie maîtrisant bien le processus de prise de décision partagée.

conclusions

Les infirmières en oncologie d’une équipe interprofessionnelle sont bien placées pour aider les patients à par-ticiper à une prise de décision parta-gée. Pour impliquer les patients, elles doivent expliciter la décision à prendre, fournir des informations probantes et équilibrées sur les diverses possibilités, demander aux patients ce qui compte le plus pour eux, et aider les patients à faire connaître leurs préférences dans le cadre du processus décisionnel. Des programmes de formation existent pour aider les infirmières à développer leurs connaissances et compétences à cet égard. Il est également possible d’utili-ser des outils décisionnels pour patients et d’offrir du soutien décisionnel pour aider un patient à se préparer à la prise de décision partagée. On peut aussi

s’appuyer sur des exemples de mise en œuvre afin de déterminer les pratiques exemplaires à suivre pour appuyer les patients dans un contexte de pratique clinique et les impliquer dans les déci-sions en matière de dépistage ou de trai-tement du cancer.

note Des Auteures

Cette étude a été présentée en 2014 à la conférence annuelle de l’Association canadienne des infirmières en oncologie qui s’est tenue à Québec. France Légaré et Dawn Stacey ont étudié ensemble au doctorat sous la supervision d’Annette O’Connor, professeure émérite à l’Université d’Ottawa. Les travaux de doctorat de Dre Légaré portaient sur

l’augmentation de la prise de décision partagée au sein du secteur des soins primaires, tandis que Mme Stacey avait

axé ses recherches sur l’amélioration du soutien décisionnel offert par les infirmières dans les centres d’appel provinciaux. Après avoir obtenu leur doctorat, toutes deux ont collaboré à la mise au point d’un modèle de prise de décision interprofessionnelle et partagée qu’elles ont ensuite testé dans le cadre d’une série d’études.

réFérences

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References

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